Voyage au Parlement Européen
Le 9 mai jour de la fête de l’Europe, nous sommes arrivés au Parlement de Strasbourg et avons eu le plaisir et l’honneur d’entendre le discours d’Olaf Scholz, chancelier allemand, dans l’hémicycle. Un moment d’exception au cours duquel il est revenu sur la construction européenne et son avenir, évoquant la notion de compromis nécessaire pour avancer et de vote plus simple pour faire avancer l’UE. Il a insisté sur les valeurs européennes d’accueil et de protection de tous. L’après-midi, après une ballade dans la Petite France pour découvrir la ville, nous avons reçu Raphaël Glucksmann, eurodéputé, pour un temps d’échange sympathique qui nous a permis de mieux connaître l’UE et de comprendre l’importance de celle-ci dans nos vies. L’eurodéputé s’est prêté aux questions réponses avec nous. Nous avons ainsi abordé son mouvement Place Publique, ses motivations en tant que député de l’UE, ses engagements sur le vote d’une loi bannissant tous les produits faits par des esclaves humains, comme les produits chinois faits par les Ouighours, ou encore la guerre en Ukraine et ses incidences sur l’Europe. Nous avons bien compris l’influence des lois prises par les députés sur nos vies quotidiennes et que celles-ci se retrouvent dans nos lois nationales. Ce fut un temps fort de notre journée et nous nous sommes sentis un peu plus européens après cette journée.
Le 10 mai nous sommes allés le matin au mémorial de Schirmeck pour découvrir l’Histoire de l’Alsace et de la Moselle de 1871 à nos jours. Dans un musée où nous traversons les époques dans des décors reconstitués, nous sentons progressivement le poids du nazisme sur cette région en 1940. La scénographie du lieu nous met mal à l’aise plus on avance vers la guerre.
L’après-midi, nous arrivons au camp de concentration du Struthof, le moment que nous redoutons tous. Nous savons pourquoi nous sommes là mais nous n’osons pas imaginer. Le professeur explique, nous pénétrons dans la maison de la chambre à gaz. Les mots sont difficiles, la parole du professeur vacille, l’émotion est là. Le silence, le regard sur cet espace carrelé de blanc, un lieu d’expériences médicales, un lieu où plus de 100 personnes sont mortes. Puis le bus repart. Nous arrivons au camp. La porte de l’enfer est là devant nous. Madame Seguela explique : « Cet enfer c’est d’abord un lieu où tout est fait pour que le déporté entre dans un lieu sans espoir, et de châtiments. Il sait quand il rentre dans le camp mais après….après demain est comme la veille, on ne contrôle plus rien de son quotidien. La répression, la souffrance, l’humiliation sont le quotidien, et la mise en catégories avec des triangles. Mais dans cet enfer, l’Homme résiste, sa pensée lui permet de s’échapper quelques instants, de tenir et de ne pas se laisser briser ». Nous entrons dans le camp, nous découvrons l’horreur, nos pas sont lourds. Arrivés devant le bloc crématoire, on écoute les explications. Le message est clair « vous n’êtes pas là que pour apprendre l’Histoire, vous êtes là pour être à votre tour des témoins. Les idées qui ont permis de construire cet enfer existent encore, on les entend encore aujourd’hui : exclusion, pensée unique, haine de l’autre, autoritarisme mais on ne peut pas fermer les yeux et les oreilles, on doit rester vigilants ! » Nous remontons la pente abrupte du camp, nous avons mal dans nos mollets, alors comment faisaient-ils ces déportés de 30 kilos ? Nos visages sont fermés, les larmes coulent sur nos visages. Nous sortons du camp presque soulagés mais ô combien touchés par cette visite. Ce soir nous écrirons sur ce camp, dans le bus le silence s’installe, les larmes sèchent. Nous avons compris pourquoi l’Histoire et la mémoire sont nécessaires pour nous construire.
Le lendemain, nous partons pour Verdun, dernière étape de notre voyage. Le champ de bataille de Verdun et son musée. Quelques centaines de mètres plus loin, le résultat de la guerre est là sous nos yeux, des milliers de croix et de stèles pour les morts tombés lors de cette bataille, et puis l’ossuaire avec 130.000 restes humains. Entre le cimetière et l’ossuaire, on est encore loin du bilan meurtrier de cette bataille. Comment ont-ils fait pendant des mois alors qu’ils savaient l’issue des assauts, pour y aller, encore et encore ? Comment ont-ils pu tenir ? Comment ont-ils réussi à sortir de cette guerre alors que les leurs étaient morts en ces lieux ? Là aussi l’Histoire s’invite dans nos vies et la mémoire se construit.
De ce voyage, nous garderons des images fortes et des mots gravés dans nos mémoires et dans nos vies. C’était le but. Nous partagerons ce voyage avec nos parents le vendredi 30 juin au lycée !